| Catégorie: -90kg
Taille: 178 cm Ceinture marron Technique favorite: judo en cercle Club : Judo Villefranche (12) Date de Naissance: 14/09/67 |
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Twitter : @judoheartblog
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Site web : www.emmericleperson.com
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Si tu devais résumer Emmeric LE PERSON en quelques mots que dirais tu ?
J'ai toujours été un défricheur. Je pourrais me qualifier comme un photographe artistique et humaniste. Et au fil du temps une évidence je me considère comme un citoyen du Monde avant tout.
Que peut nous apprendre de plus le judoka qui sommeil en toi ?
J'ai commencé le judo à 40 ans, en regardant mes enfants pratiquer j'ai eu l'envie d'essayer. Dès que j'ai posé les mains sur le judogi d'Uke j'ai su que plus rien ne serait pareil. Plus tard, une fois assimilé JITA KYOE comme un fil conducteur, ma vie a changé.
Pourquoi cette envie d'essayer à 40 ans finalement et en quoi le judo a changé ta vie ?
Au départ c'est juste l'envie d'essayer et de partager une activité avec mes enfants...mais dès que j'ai posé les mains sur le judogi j'ai su que quelque chose de spécial venait de se passer. Ça n'est pas toujours facile de mettre des mots sur le ressenti et l'intuition.
A plusieurs reprises j'ai donné corps à des projets autour du judo. Par exemple en essayant de créer un pont au judo entre le Québec et les pays francophones en 2011. Ou encore la mise en place d'un jumelage des 5 continents en 2010. Pour cette dernière j'ai été au Japon pour pérenniser leur participation. A l'époque je n'était que ceinture jaune. En tant que responsable de la mission exploratoire j'ai eu l'honneur d'avoir un entretien de validation par Maître ABE au KODOKAN. Vous imaginez quand on est ressorti avec son accord ? Alors oui je peux le dire que le judo a changé ma vie.
Et que peut nous apprendre le photographe ?
Comme tout parent de petits judokas j'ai commencé par les prendre en action. Devant les retours et de nombreuses discussions, j'ai osé demandé une accréditation pour le Tournoi de Paris en 2012 spécifiquement en salle d'échauffement. Et c'était parti.
J'ai commencé avec seulement le 105 mm macro de Nikon. Cette focale fixe m'a forgé le regard et permis de travailler énormément la composition . La focale fixe c'est la meilleure école. Ensuite je suis passé au 70-200 f:2,8. Un autre monde.
Si je comprend bien tu as un seul objectif à la fois. Question boîtier en as-tu un seul aussi et si oui lequel ?
Un D610 NIKON.
Dans le combat Nikon vs Canon tu es plutôt Nikon pourquoi ?
Pour moi çà n'a aucune importance. A partir du moment où tu investis dans un boiter pro plein format de plus de 2000 euros, tu peux lui faire un minimum confiance non ? L'important c'est ton regard...la course à la technologie est une chimère qui te détourne de l'essentiel . Mais il est vrai que les JO de 2020 apporteront, par contre, une révolution numérique des boîtiers qui permettront d'atteindre un niveau de qualité inimaginable aujourd'hui en photo et en vidéo. On peut faire confiance aux constructeurs nippons.
Tu as démarré la photo avec le judo ou tu étais déjà photographe en fait ?
J'ai démarré la photo avec les photos de paysage, spécialement sur l'Aubrac. Pour les curieux allez voir mon tout premier album photos sur facebook : l'Aubrac à l'état brut. Cette expo qui m'a pris 3 hivers . Une seule contrainte : sortir en hiver quand les autres rentraient. Exposé à plusieurs reprises dont la FNAC de Toulouse et jusqu'à Paris couvert par un reportage sur Pariscope.
Mais l'humain est venu une évidence et depuis rien ne m'a inspiré plus.
Tu évoques sur ton blog - judoheart - ta passion pour l'asie centrale d'où cela te vient et comment cela influe sur tes photos ?
C'est un carrefour du monde depuis la nuit des temps. Là où une civilisation gréco-bouddhique a perduré quelques siècles par exemple. Allez voir le musée Grimet à Paris. Le tracé de la route de la soie en est le dernier chapitre migratoire. C'est aussi la région des superlatifs géographiques. Depuis la chute de l'URSS c'est un laboratoire du monde. Émancipés, ces pays se sont livrés à un rattrapage pour essayer de trouver leur voie dans la mondialisation en essayant de ne pas perdre leurs racines. Un des derniers endroits où le nomadisme perdure.
Enfin en tant que portraitiste, quel choc ! En occident la couleur de l'iris nous a dotés d'une gamme infinie de variétés. Là ce sont les variantes autour de la forme des yeux qui prédominent. Quelle intensité !
Judo et photo des points de convergences ? de divergences ?
Pour moi c'est la même chose. Quand je suis en reportage je fais du judo. Ma voie est une forme de prolongement. Le judo m'imprègne dans les gestes de tous les jours. C'est avant tout un état d'esprit.
Alors lors de mes prises de vues un concept m'anime : une photo c'est comme un IPPON : soit elle est réussie...soit elle est ratée. C'est aussi dans la journée l'utilisation du minimum d'énergie pour un maximum d'efficacité : SEIRYOKU ZENYO Mais le plus important ne pas avoir peur de prendre des risques et de partager . JITA KYOE : entraide et prospérité mutuelle.
Alors lors de mes prises de vues un concept m'anime : une photo c'est comme un IPPON : soit elle est réussie...soit elle est ratée. C'est aussi dans la journée l'utilisation du minimum d'énergie pour un maximum d'efficacité : SEIRYOKU ZENYO Mais le plus important ne pas avoir peur de prendre des risques et de partager . JITA KYOE : entraide et prospérité mutuelle.
Etre judoka pour faire de la photo judo est ce un cliché ?
Non c'est fondamental, surtout pour les photos de combats. Ça va trop vite pour un non initié. De plus il faut être pratiquant pour bien avoir conscience de tous les sacrifices au quotidien que les judokas de haut-niveau doivent accomplir. C'est malheureusement pourquoi dans les grandes agences avec les photographes sportifs généralistes, les photos de podiums ont tant de succès !
Que photographies tu ?
La réponse en images : https://www.instagram.com/emmeric_le_person/
Une photo réussi c'est quoi pour toi ?
C'est une photo qui raconte une histoire et déclenche une émotion. Dans ce monde on est noyé d'images et d'information. Une image est aussi vite oubliée qu'elle a été diffusée. Une image oui...mais pas une photo. Que retient on dans la mémoire collective, sinon une ou deux images qui résument l'histoire. Voilà le défi, la quête que chaque photographe devrait se fixer.
Crédit Photo Marcelo RUA |
Tu as fais le choix de photographier directement en noir et blanc. Pourquoi ce choix ? Pourquoi ne pas tout simplement mettre les photos couleurs en noir et blanc en post prod ?
D'abord c'est par honnêteté. Ensuite je peux immédiatement si nécessaire partager mes photos. A la coupure il m'arrive de faire circuler ma tablette sur le tapis de la salle d'échauffement. C'est aussi un retour pour moi indispensable qui entretient la confiance avec les judokas. Je ne suis pas un paparazzi...mais je crois que là c'est depuis longtemps compris. Je ne perd pas mon temps en post production car de toute façon je ne recadre ni ne retouche jamais mes photos. Pour évoluer dans le sport il faut être réactif. C'est ce qui vous rend crédible auprès des diffuseurs.
Il faut savoir que le noir et blanc est déroutant de prime abord pour notre perception. C'est inconscient bien-sûr mais l’œil dérouté recherche toujours un repère. Notre premier signe de reconnaissance demeure le regard. Ainsi pour les portraits on va directement à l'essentiel. Ensuite le noir et blanc est le symbole même de l'intemporalité. Je me dégage ainsi dans le temps, d'un événement précis. Travaillant essentiellement dans des conditions d'éclairages extrêmes je n'utilise jamais de flash ! Pour cela le noir et blanc est juste fabuleux et permet de bien exploiter chaque trait de lumière. Il m'arrive à très peu d'occasion de faire des photos directement en couleur. Mais là aussi dans un but précis artistique où la couleur est au cœur même du sujet. Dans ces cas là j'utilise la couleur comme avec une palette de peintures.
Enfin il y a de très grands photographes de combats en couleur je ne vois pas l'intérêt de m'y ajouter. De ce fait ensemble on est complémentaire, et non supplémentaire. On est là pour la même chose : valoriser les judokas.
On dit parfois que les photographes sont des chasseurs d'images, es-tu d'accord avec cette expression ?
Les grands photographe de combats sont plutôt des chasseurs d'ippons ! Pour ma part, c'est différent. Pour employer une métaphore de chasse, je ne suis jamais à l’affût. Aucun stress ne m'anime pour plusieurs raisons. D'une part parce que j'ai le temps. Et qu'ensuite personne ne sait quelles photos je vais faire. J'ai carte blanche. Ensuite pour moi la photo parfaite n'existe pas. Je ne me perd pas en post production. Entendons-nous bien, la qualité est mon premier critère mais dans la mesure où l'appareil photo fait corps avec moi, je suis donc totalement libéré de l'aspect technique par les pré-réglages que j'ai fait avant de commencer. L'appareil n'est juste que le prolongement de mon regard. Donc j'ai l'esprit totalement ouvert sur la compétition que je couvre. Pour résumer par mon état d'esprit et cette communion avec les judokas, je me suis aperçu en fait que ce sont les photos qui viennent à moi et non l'inverse.
Des pré-réglages on peut savoir lesquels ou ça fait partie des secrets ?
Juste un conseil. J'enregistre toujours la balance des blancs in situ. Par expérience la balance auto n'est jamais fiable sur la durée. Et je vérifie toujours, en prenant ensuite une photo couleur (C'est d'ailleurs la seule que je fais de la journée...lol). Ensuite je bascule définitivement en noir et blanc.
Comment se passe une journée de shooting d'Emmeric Le Person lors d'un tournoi de judo ?
J'arrive bien avant les athlètes et je repars après eux bien-sûr. Mais c'est le minimum, et c'est ce que font tous les photographes du circuit. Un judoka qui va en finale fera 5 combats on passera 30 min maxi sous les projecteurs. Mais il aura en fait passé 10 heures sur place. Que se passe-t-il pendant ce temps ? C'est çà que je raconte. De part le grand nombre de nationalités, le monde peut se résumer en une salle d'échauffement. Et pourtant c'est une grande famille. Quelle leçon de vie !
Quels seraient le ou les petits truc d' Emmeric Le Person qui font toutes la différences en photo ?
Être là où on ne l'attend pas. Certains m'appellent le shadow-man (l'homme de l'ombre). C'est exactement çà. Une fois accepté, faire en sorte de se fondre dans le décor. L'authenticité est à ce prix.
Sur le blog on essaie de donner des info. sur les kim. Du coup, deux questions : quelles marques as tu portées ? quel conseil donnerais tu au moment de choisir son prochain judogi ?
NIHON. Le confort. La sensation de porter une deuxième peau...mais en bourlinguant tu te rends compte qu'en fait c'est juste un luxe de pays développés et qu'une simple veste peut faire l'affaire tant que la compétition n'est pas en jeu.
D'ailleurs le judogi est-ce photogénique ?
Absolument ! Mais surtout pour les femmes car pour moi rien n'est plus photogénique qu'une femme en judogi. J'appelle cela le judogi paradoxe . Le judogi quand on y pense pour une femme c'est une gageure. Démaquillée, elle porte une veste trop ample, cintrée par une ceinture, avec en prime un pantalon bouffant. On est à priori loin des défilés de modes et du côté glamour...et pourtant. Une fois porté, ne sont visibles que le visage, les mains et les pieds...bref l' essentiel ! L'importance du regard est sublimé.
A ce propos Marc Berthier - un de tes amis photographes - a remarqué qu’au fil du temps tu "shootais" de plus en plus de Judokates. Voilà sa question, photographier une athlète tout en soulignant/préservant son image de femme c’est un double défi très difficile à relever. Est-ce la difficulté qui te fait suivre cette voie ?
Merci à toi Marc, le photographe de judo qui me connaît le mieux et qui m'a soutenu dans mes débuts. Effectivement la clef est là : ne jamais franchir la ligne. Au fur et à mesure de mes reportages, surtout en exclu pendant les stages féminins, je me suis rendu compte qu'il existe une culture de l'ouverture de la veste. On ne valorise pas une japonaise comme on peut le faire avec une brésilienne. Avec le temps les judokates m'ont fait prendre conscience que les photos que je ne fais pas, sont aussi importantes que celles que je fais.
Proposes-tu tes photos à la vente aux particuliers et si oui comment peut-on se les procurer ?
Oui sur mon site www.emmericleperson.com
As-tu une actu en ce moment ?
La promotion de mon calendrier 2017 qui existe en 2 versions : WOMEN IN JUDO ou en version française JUDOKATES DU MONDE.
http://www.emmericleperson.com/categorie-produit/calendriers/
Quelle est la question qu'on ne t'a jamais posé et que tu aimerais qu'on te pose ?
La photo de judo peux-elle changer une vie ?
Quelle serait ta réponse ?
Un dernier mot pour les lecteurs du blog ?
Osez !
Allez voir les photos d'Emeric elles sont...justes magnifiques. Comme ce Monsieur.
RépondreSupprimerJean-François Hébrard.
Bonjour.
RépondreSupprimerMerci à C'est quoi ton kim ? pour cette interview émouvante, sensible et avec tant de sincérité. Alors à vos souris et venez découvrir ces passionnés de judo.
Cette harmonie transpire (on monte tous sur le tatami !!).. A travers ses photos Emmeric met en avant notre sport avec une approche tout à fait personnelle et différente : BRAVO !!! et ce blog qui nous découvrir de tels dévoués... GENIAL !!!
On ressent bien que le judo n'est pas seulement un art martial mais un art de vivre !!!
Bien sportivement,
Marc
Merci Marc je suis touché. Toi qui demeure un des plus grands photographes de combats de judo au Monde.
SupprimerA bientôt Marc pour des retrouvailles sur les tatamis !